- MOTOORI NORINAGA
- MOTOORI NORINAGAMOTOORI NORINAGA (1730-1801)Philologue et écrivain japonais, né et mort à Matsuzaka dans la province d’Ise. D’une famille de gros marchands de cotonnades, il perd à onze ans son père, à vingt-deux ans son beau-frère, à qui il succède à la tête des affaires de sa maison, mais il ne s’y intéresse guère. Aussi sa mère l’envoie-t-elle étudier la médecine à Ky 拏to, en 1752. Il entreprend parallèlement l’étude des classiques confucéens, puis de la littérature japonaise ancienne. Revenu à Matsuzaka en 1757, il y exerce la médecine, et en même temps fait des cycles de conférences sur le Genji-monogatari , le Man.y 拏-sh , le Kokin-sh , l’Ise-monogatari . En 1763 naît son fils Haruniwa, qui sera le continuateur de son œuvre. La même année, Norinaga rencontre l’illustre philologue Kamo no Mabuchi, dont il devient l’élève et qui l’oriente vers l’étude du Kojiki ; à cette étude il consacrera trente ans de sa vie, de 1764 à 1798. Entre-temps, il aura publié plusieurs dizaines d’autres ouvrages, commentaires et interprétation des grands classiques. Ses disciples, d’abord venus de la province d’Ise, puis de tout le pays, seront plus de cinq cents à sa mort. En dépit de son caractère plutôt casanier, il fera, dans les années 1790, des tournées de conférences, dont il rapporte autant de journaux de voyage. En avril 1801, il fait encore à Ky 拏to une série de leçons sur l’Engi-shiki (le Rituel de l’ère Engi , 927), que viennent entendre de nombreux dignitaires de la Cour. De retour à Matsuzaka, il meurt en octobre de la même année.La production littéraire de Motoori Norinaga, qui a fait l’objet d’une édition d’œuvres complètes en onze volumes (Z 拏h 拏 Motoori Norinaga zensh , T 拏ky 拏, 1926), comprend quatre-vingt-onze titres, en deux cent soixante livres. Citons: Kotoba no tama-no-o (1790, en sept livres), étude, d’un intérêt fondamental, des enclitiques, qui sont «le fil sur lequel s’enfilent les mots»; Kokin-sh t 拏-kagami (1797, en six livres), commentaire avec traduction en langue moderne, première tentative du genre; Genji-monogatari tama no ogushi (1799, en neuf livres), qui comprend une étude générale, une annotation et une critique des commentaires antérieurs, ainsi que des théories personnelles; Kojiki-den (en quarante-huit livres, les cinq premiers en 1789, les dix-sept suivants jusqu’en 1797, les autres posthumes, dont quatre d’index par Haruniwa, en 1822), étude exhaustive du Kojiki qui fait encore autorité (recension des manuscrits, établissement du texte et commentaires); cette œuvre, synthèse de toute une vie de recherches, inaugure au Japon une méthode philologique objective, fondée sur les documents et les textes.Dans tous ces ouvrages, et singulièrement dans le dernier cité, Motoori cherche à dégager la «voie ancienne», c’est-à-dire le shint 拏 des origines, qu’il essaie de dégager des idées confucéennes et bouddhiques. Par un retour direct aux sources, il veut éliminer les éléments subjectifs qui l’ont surchargé. Dans ce sens, il obtient des résultats remarquables grâce à l’étude méthodique de la langue ancienne. Quand il en conclut toutefois que «cette voie ancienne est la voie authentique qui peut trouver son application dans les quatre océans et les dix mille pays», pour en venir à en prôner la valeur absolue et transhistorique, il tombera dans l’irrationnel qu’il reprochait à ses devanciers. C’est de là précisément que son disciple posthume Hirata Atsutane (1776-1843) partira pour tirer de ses théories des applications religieuses et de pratique politique. Interprétations que Motoori Norinaga eût certainement jugées abusives, mais elles n’en font pas moins de lui le père de l’idéologie nationaliste et impérialiste du XIXe siècle, qui aboutira à la restauration de Meiji, dont elle justifiera les aberrations.
Encyclopédie Universelle. 2012.